Lorsqu’on évoque Arlequino, l’actuel président de la Confédération Libre, on pense immédiatement à son ascension fulgurante… et totalement improbable. Avant de diriger le pays, cet homme a exercé une profession bien différente, mais tout aussi redoutable : documentaliste à la médiathèque d’Adabolgrad. Une période que la directrice de l’établissement, Madame Kovaliev, décrit encore aujourd’hui comme « un véritable âge sombre pour la classification et l’intelligence en général ».
Un homme qui n’a jamais su ranger ses idées… ni les livres
Engagé comme documentaliste il y a quelques années, Arlequino s’est immédiatement fait remarquer. Malheureusement, ce n’était ni pour sa rigueur ni pour son amour du savoir, mais bien pour son incompétence légendaire. « On l’appelait ‘le fléau des bibliothèques’ », soupire Madame Kovaliev. « Il avait une vision… très libre de la classification. »
Un exemple parmi tant d’autres : alors qu’il devait suivre la sacro-sainte Classification Décimale de Dewey, il a jugé plus pertinent d’organiser les livres selon des critères purement personnels. Un jour, il a rangé Les Chroniques du Chat qui savait tout dans la section « Essais scientifiques », expliquant que « si un chat parle, c’est forcément un phénomène à étudier ». Il a aussi classé Comment devenir riche en 10 minutes sous « Ouvrages religieux », car, selon lui, « il faut avoir la foi pour y croire ». Il avait également rebaptisé la section « Philosophie » en « Trucs compliqués » et fusionné les sciences naturelles avec les romans d’heroic fantasy sous prétexte que « Les dragons, c’est un peu comme les dinosaures, non ? ».
Un jour, il tenta même de proposer une réforme de la Classification Dewey, expliquant que 10 catégories, c’était « bien trop compliqué à retenir ». Son système se composait de trois grandes sections : « Livres intéressants », « Livres moins intéressants » et « Livres que j’aime pas ». Lorsqu’un collègue lui fit remarquer que ce n’était pas très académique, Arlequino aurait répondu : « Eh bien, si Dewey n’est pas content, il n’avait qu’à mieux classer son propre système ! »
Un sens du tri… révolutionnaire
L’innovation d’Arlequino ne s’arrêtait pas là. Outre son mépris total des normes bibliothéconomiques, il possédait une méthode de classement qui défiait la raison. Il proposa un jour une réforme radicale du système de rangement en divisant les livres en deux catégories : « À lire » et « Bof ». Lorsqu’on lui a demandé comment il déterminait la répartition, il aurait répondu : « J’ouvre une page au hasard, si y’a pas d’image, c’est bof. » Il aurait également suggéré de regrouper tous les livres de plus de 300 pages sous une bannière commune intitulée « Longs et chiants ».
Autre innovation catastrophique : le classement par couleur de couverture. Résultat, Les Aventures du Lapin Stoïque se retrouvait entre La Grande Encyclopédie des Fromages et Stratégies de Guerre pour Débutants, simplement parce qu’ils étaient tous reliés en jaune. « Il voulait que ce soit plus joli à l’œil », se lamente Madame Kovaliev. « Sauf que quand quelqu’un cherchait un livre précis, on lui disait juste ‘Regardez dans le rayon bleu, bonne chance.’ »
De la médiathèque à la présidence : une ascension aussi absurde que fulgurante
Comment un homme aussi inapte à retrouver un livre sur une étagère a-t-il pu retrouver son chemin jusqu’au sommet de l’État ? Certains parlent d’un concours de circonstances, d’autres d’un pari politique qui aurait mal tourné. Toujours est-il qu’il a su convaincre les électeurs avec un programme simple mais percutant : « Tout doit être facile à retrouver. »
L’une de ses propositions phares était d’appliquer sa propre méthode de classement à l’économie du pays. Tout ce qui sert directement à manger devait être classé comme « Important », et tout le reste serait rangé sous « On verra plus tard ». Un journaliste lui aurait même demandé comment il comptait archiver les lois et traités internationaux. Sa réponse fut limpide : « On met tout dans un gros classeur rouge avec marqué ‘Lois du pays’ dessus, et basta ! »
Un président qui ne comprend toujours rien aux archives
Depuis son arrivée au pouvoir, la gestion des archives nationales est devenue un enfer. Les chercheurs signalent que des documents cruciaux se retrouvent classés sous des étiquettes pour le moins déroutantes. La Constitution de la Confédération est désormais sous « Vieux trucs à lire plus tard ». Les accords internationaux sont stockés dans un dossier intitulé « Gros pavés chiants ». Quant aux décrets présidentiels, ils figurent dans une chemise baptisée « Mes meilleures idées ».
Récemment, il a même demandé à ses conseillers pourquoi il y avait autant de lois en vigueur. Sa solution a été radicale : « On supprime toutes celles qui datent d’avant mon élection, comme ça on y voit plus clair. » Une approche qui, selon lui, « a bien marché avec le fonds documentaire de la médiathèque. »
Un avenir aussi incertain que son sens de l’organisation
Si son mandat risque d’être aussi chaotique que son passage à la médiathèque, une chose est sûre : sous la présidence d’Arlequino, personne ne s’ennuiera. Il a récemment proposé d’organiser les citoyens par catégories pour « simplifier l’administration ». Ceux qui savent lire seraient dans un premier groupe, ceux qui préfèrent les images dans un second, et ceux qui posent trop de questions dans un troisième.
Lors d’une conférence de presse, il a tenté d’expliquer sa vision politique en sortant un tableau blanc sur lequel il avait tenté d’écrire son plan d’action… sauf qu’il l’avait classé sous la mauvaise catégorie et l’avait égaré. Il a conclu en déclarant : « Bon, tant pis, on improvisera. »
Reste à espérer que lorsqu’il faudra archiver son mandat, il ne le classe pas sous « Fiction ». En attendant, une chose est sûre : pour une fois, un président est véritablement à la hauteur… de son incompétence.